10.2.09

je sais dire introduction en latin.

c'est l'histoire d'une petite fille qui, au début, s'enivrait de ce à quoi elle pensait, de ce qui tournoyait dans sa tête, ricochait contre son crâne et sortait parfois, la nuit, comme un forcené refusant d'être exprimé à autrui, éternel ennemi de l'idéel; à chaque instant de libre, d'ennui ou de besoin, elle réfléchissait au sens qu'avait la vie, et vagabondait délicatement alors jusqu'à ce que serait la sienne -sa vie !- si elle parvenait enfin à devenir danseuse -son seul et unique rêve, auquel elle était destinée, chaque petite fille étant forcément destinée à son rêve, ou elle trahirait sa condition de petite fille ô combien respectée, forteresse de l'innocence et du stéréotype-, et elle se figurait alors, coupée d'un monde trop fade au goût de tous, voletant délicatement devant des riches, distingués, redressés sur leurs sièges comme devant leur souvenirs, admiratifs à ses pieds, et faisant rêver les pauvres, les étudiants, les inconnus parqués au paradis, dans une splendide métaphore de ce qui est après la mort, pour que sa pensée s'achève en basculant fatalement, en même temps qu'elle s'abandonnait au désespoir -ces moments de doute que connaissent si bien les artistes sans talent-, vers cette héroïque image que se font les jeunes d'une mort qu'ils s'infligeront un jour, rejoignant cohortes d'espoirs avortés et déchus, une étreinte simple, éblouissante, facilement tentatrice.

finalement, elle a eu ses premières règles, son bac, un diplôme de droit, un job dans une entreprise inconnue, et même pas illustre, un mariage médiocre et des gamins bruyants. ses parents sont morts séparés, ses amis se sont dispersés et elle ne s'est pas suicidée.

la morale de l'histoire -oui, il y a une morale, sinon ce ne serait pas une histoire, et j'eus affublé à ces lignes un substantif bien plus pompeux, rangé quelque part entre nouvelle et essai- est donc la suivante:
c'est con, une petite fille.

1 comment:

  1. J'attends que tu transposes tout ça au masculin. Sur le nombre de pompiers potentiels parmi la population mâle de moins de 12 ans, pas sûr que ce soit les plus cons qui y renoncent par la suite.
    Ceci dit, le texte est bien - peut-être un peu trop bukowski-esque. Mais bien. :)

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