26.1.10

je ne sais même pas ce que j'écoute.

Englué dans sa routine, il tomba sur l'apogée de sa journée au coin d'un couloir. Pour une raison qui ne nous intéresse guère, il descendait les escaliers branlants de son immeuble avec son casque sur les oreilles, abandonné dans son morceau,, n'importe lequel, il n'avait pas tellement fait attention à ce qu'affichait son iPod avant de le fourrer dans sa poche. Le prix de son casque étant aussi impressionnant que sa qualité, le monde extérieur avait cessé de faire du bruit et, comme à chaque fois que plus rien ne l'atteint, il dégringola les escaliers, juste pour la beauté du geste. Arrivé au rez-de-chaussée, il tourna à gauche pour s'engouffrer dans le hall glacial. Et voilà. Juste derrière le coin en crépis blanc l'attendait une belle blonde. Une vraie belle femme blonde, avec de vrais cheveux dorés, de vrais yeux bleus, un vrai visage d'albâtre et un tout petit air d'imaginaire. Évidemment, elle ne l'attendait pas vraiment, elle était juste pressée de rentrer chez elle et l'avait pris par surprise, au détour de ses rêveries. Il avait failli la frôler, sans faire exprès, s'écartant le plus possible pour éviter de l'abîmer, de la briser. Croisé son regard. Regardé ses lèvres. Jusqu'à ce qu'elle eut disparu derrière lui, tandis que, sans y réfléchir, il passait le palier de la porte d'entrée. Dehors, il faisait beau, et The La's se mirent à jouer There She Goes. Il s'arrêta, parce qu'il se demandait si il y avait une infime chance qu'elle soit toujours dans le couloir à fixer ses prunelles sur sa nuque. Il se retourna le moins naturellement du monde. Il n'y avait que la concierge qui sortait de sa loge. Mieux qu'un film.

24.1.10

pourquoi est-ce que ça sent la soude ?

De temps à autre, il faut bien que je fasse semblant d'avoir une vie sociale. Celle-là même qu'aiment les personnes cools, avec des dîners d'anniversaire et des rassemblements multi-générationnels dans un appartement dévasté sur fond de musique électro et flashs d'appareils photo Lumix reçus pour Noël. Je savais bien comment ça allait se finir, mais mon côté positif et souriant m'avait poussé à sortir de chez moi, parce que c'est ce que font les gens normaux.
À vrai dire, je ne sais pas très bien comment ça s'est déroulé/fini. Je me souviens d'avoir fait rire une rousse superbe, avec une voix qui donne envie d'être responsable du recrutement chez FIP, de la petite grosse qui me fixait de ses yeux porcins du fond de la salle, et du fait que je n'avais ni clopes, ni force en rentrant chez moi.
Ce dont je suis sûr, c'est que, ce soir encore, je vais me retrouver étendu dans mon lit, à trois heures du matin, me demandant comment faire pour m'endormir, avant de rallumer l'ampli, l'ordinateur et rouvrir ce bouquin que je n'arrive pas à avancer. Je vais me lever, repasser cinq minutes à trouver la fréquence de BBC News Channel sur la radio de mon père et attendre cinq autres minutes à comprendre que c'est toujours cette émission pourrie de musique traditionnelle autour du monde (sic).
Debout dans ma chambre, je vais me dire qu'il faudrait quand même ranger ce merdier, et ce sera fait en déposant deux paires de chaussettes et une chemise dans le panier de linge sale, et en superposant plus ou moins correctement mes numéros de The Economist et de Vogue. Ah ouais, il faut aussi que j'affiche mes épreuves d'artiste dont le prix ne justifie en aucun cas qu'elles soient depuis deux mois sous ma table basse. Une autre fois.
En tentant de ranger mon bureau, il y aura cette photo de mes parents, je me souviendrai que c'est effectivement l'anniversaire de la mort de mon père, ça me déprimera quelques secondes et puis il faudra que j'aille chercher quelque chose à manger dans ma cuisine. Evidemment, il n'y aura rien, et je n'aurai d'autre choix que de gober un sucre avant de me coller au miroir de ma salle de bain, la main sur l'interrupteur. On/Off/On/Off/On/Off/On/Ça ne marche pas, cette merde/Off. Saut sur mon lit pour vérifier mes vies sociales via internet, et grand dilemme au moment d'ouvrir un nouvel onglet 4chan, qui sera remplacé par un onglet alloshowtv pour regarder un épisode de Stargate. 5 minutes plus tard, ma connexion coupera, je jurerai. Face à mon fond d'écran (que j'aurai changé plusieurs fois, passant de mannequin russe à mannequin finlandais pour toujours finir sur Turner, persuadé que ça impressionne les filles), j'ouvrirai manuscrit.txt, écrirai deux lignes avant de refermer en me disant que ça ne sert à rien, elle est déjà sortie de ma vie, elle s'en fout.
Coup d'oeil au dernier Nabokov, pour me frustrer un peu plus, puis à Beckett que je lirai à haute voix en me demandant pourquoi n'ai-je pas autant d'assurance quand je dois leur dire qu'ils m'intéressent. 5 pages de plus pour les Illusions Perdues, coincé dans les Catastrophes de l'Amour en Province.
Merde, c'est vrai, j'ai plus de clopes. Donc je vais écouter le dernier BJM pour m'endormir. Non, je ne pourrai pas éteindre mon ipod et la ventilation de l'ampli m'empêchera de dormir.

Entre quatre et cinq heures, allongé sur mon lit, les yeux grand ouverts, essayant de ralentir ma respiration le plus possible -j'ai vu ça sur internet, il paraît que ça marche.


Avant, je me disais que c'était super de vivre la nuit.

21.1.10

l'insécurité latente attaque les défenses de votre enfant.

Les consommateurs sont à ma porte, font la queue pour acheter mon produit, pour goûter à mon paradis. Je n'ose pas leur dire qu'ils repartiront insatisfaits, comme ce taulard qui voit sa copine quitter la parloir sans qu'il ait pu déchirer sa robe avec cette lame de rasoir qu'il garde au creux de sa paume depuis que ça chauffe, dans le quartier des arabes, comme partout dans le monde. Il n'y a aucune différences, il n'y a que des cons, généralement avec des cocktails molotov qu'ils feront éclater en bas de chez toi et, demain, quand t'auras la gueule de bois -tu la sens déjà un peu venir, ne nie pas- et que tu voudras descendre tes bouteilles de mauvais vin rouge en essayant de ne pas vomir, ta poubelle aura flambé. Toute ta rue puera le kérosène et le sang, un coup qu'on t'assène dans les dents. Des bouts de keffieh blanc et noir. Je ne sais pas de quelle couleur est le sang des mecs qui hurlent le soir dans ta rue parce que la France a perdu ce match crucial. Le sang des orcs est noir, je l'ai vu à la télé. Tout le monde est rentré dormir, là, il est dimanche. Tu sens bien ton monde qui flanche, les escaliers qui tanguent quand tu tentes de les remonter. Ça ne sert à rien de réveiller la fille par terre, celle qui a refusé de dormir dans ton lit. Au réveil, sans mascara, naturelle, moche, autant qu'elle continue à rêver de mecs qui ne sont pas comme nous. Alors, elle se met à ronfler.

8.1.10

j'ai besoin d'une histoire.

1:15am Pierre:

il était une fois

des immeubles, de grands grands immeubles, et ces immeubles pouvaient marcher, et ils parcouraient la surface de la terre sans relache. un jour, un groupe d’immeubles rencontra un groupe de vampires. ils avaient les dents très très longues. mais, une fois par an, le soir de noël, les vampires devenaient de gentils vampires.


1:16am Claire:

et les immeubles de gentils immeubles?


1:17amPierre:

et se retrouvaient avec les immeubles pour passer la soirée ensemble, et se raconter les histoires de leurs voyages.


(les immeubles sont toujours de gentils immeubles)


seulement voilà. parmi groupe des vampires, il y en avait un qui était une véritable terreur, qui ne cessait de courir, de casser des branches, de se jeter dans la poussière et de hurler quand bon lui semblait. ce vampire là, il s’appelait Max.

le soir de noël, les vampires ne firent pourtant pas attention à ce que faisait Max. et le trouble-fête se jeta sur le plus grand des immeubles en criant “JE VAIS TE MANGER !” et il le mordit de toutes ses forces. seulement, l’immeuble était plus résistant que prévu, et Max se cassa toutes les dents.

il courut alors voir ses parents pour qu’ils le soigne, parce que, dès qu’il avaient un bobo, ils le soignaient patiemment. mais, cette fois-ci, Max ne fut pas accueilli par les caresses réconfortantes de sa mère, ni par le regard bienveillant de son père. tous deux jetaient des coups d’oeil affolés vers sa bouche, où il n’y avait plus de dents.

mon dieu !” s’exclame le père, “comment va-t-on faire ?” s’écrie la mère.

Max sent qu’il a fait une grosse bêtise. Alors, comme tous les enfants du monde, il se met à courir, il court à toute vitesse, au dessus des troncs d’arbres, au dessus des rivières, en dessous des buissons, pour arriver devant une gigantesque étendue d’eau.

tiens, c’est bizarre, se dit-il, je ne savais pas qu’il y avait un lac, ici” mais il cesse bien vite de se poser des questions, dès qu’il apercoit, un peu plus loin sur la berge, un bateau. sans hésiter, il grimpe à l’intérieur, largue les amarres, trouve un tricorne qu’il met sur sa tête et colle son oeil à la longue vue qui l’attendait. “EN AVANT !” s’époumonne Max, et le vent se met à soufffler. tout doucement, la coque en bois blanc s’écarte du rivage et, au fur et à mesure que s’éloigne la berge, les vents redoublent d’ardeur. dans la lumière du soleil couchant, les nuages s’amoncellent au-dessus de l’embarcation de Max, et la pluie ne tarde pas à ruisseler sur son tricorne. les creux des vagues se font de plus en plus grands, l’écume, de plus en plus menacante, et Max lutte comme un véritable capitaine pour rester maitre de son bateau.

impossible ! il est projetté par-dessus bord et, au moment où il s’attend à heurter l’eau, il sent quelque chose s’agripper autour de lui. c’est mouillé, c’est frétillant, mais c’est chaud, se dit max avant de s’évanouir.

lorsqu’il réouvre finalement les yeux, il est dans une toute petite chambre, dont les murs sont faits de brindilles grises et sans aucune fenêtre. au bout de son lit, il voit trois étranges créatures, telles qu’il n’en avait jamais vues. aussi grandes que lui, elles sont recouvertes d’un poil doré sur l’intégralité du corps, à l’exception de quatre pattes très petites et d’un nez très rose. max les frotte les yeux quelques instants

mais ? il manque quelque chose” pense-t-il dans sa petite tête encore sonnée.

Max n’a pas tort, car ses sauveurs n’ont ni yeux, ni oreilles ! leur visage n’est que fourrure ! il surprend alors quelques bribes de conversation entre les créatures, où il est question de lui, de son état et... de ses dents !?

je vous en supplie, non, non, ne me renvoyez pas dans la tempête parce que je n’ai plus de dents, je n’ai pas fait exprès, ne faites pas attention !”

sans s’en apercevoir, max s’était dressé sur son lit pour supplier les créatures.

1:40am Claire:

ce sont des moutons ?

1:40am Pierre:

non, ce sont des taupes dorées du désert du namib, véridique.

1:40am Claire:

au temps pour moi.

1:41am Pierre:

donc. celles-ci se retournèrent calmement, sans surprise, et lui dire bonjour sur un ton poli et, étrangement, très réconfortant.

ne t’inquiète pas, nous ne te mettrons pas dehors, il fait bien trop froid. et puis, ce n'est pasla peine de paniquer, tes dents repousseront rapidement”

max eut alors l’air dubitatif

ah bon ? mes dents vont repousser ? c’est pas vrai, parce que papa et maman ont eu très peur !”

et puis, vous êtes qui, vous d’abord, pour me dire ça ?”

les créatures esquissèrent un sourire avant de répondre:

nous sommes des taupes dorées. il y a bien longtemps, nous vivions dans un désert ou personne ne faisait attention à nous et où nous ne faisions attention à personne. et puis, un jour, nous avons décidé de servir à quelque chose, parce que, mine de rien, c’est sacrément ennuyant, un désert !”

max ne put qu’acquiescer. il leur fit alors signe de poursuivre

“eh bien, chez nous, quand on s’ennuie, on construit beaucoup de choses, des maisons, des voitures, des chateaux forts, des salles de bal, des circuits de course, alors nous avons voulu construire quelque chose de nouveau. et, dans le fleuve de notre désert, nous avons construit un sous-marin, tout en brindilles de bois !”

Max était diablement épaté ! il était dans un sous-marin ? ça alors !

sans prêter attention à la bouche bée du petit vampire, l’une des taupes continua:

“et puis nous sommes descendus jusqu’à l’océan, et nous avons trouvé une petite fille grenouille, qui voguait toute seule dans une coquille de noix et, comme sa coquille n’avait pas l’air bien solide, nous l’avons recueillie, et nous lui avons expliqué qu’il ne fallait pas s’aventurer toute seule sur l’océan.”

1:52am Claire:

j’aurai KIFFE, comme tu le dirais toi-même, que tu sois la pour me la raconter.

j'tengage

1:52am Pierre:

s'tu veux, laisse-moi finir.

donc.

1:54am Pierre:

la petite fille grenouille nous a répondu fièrement qu’elle avait perdu ses dents, mais qu’elle voulait absolument les retrouver. Alors, pour lui faire plaisir, nous avons cherché ses dents avec elle, et elle était si heureuse quand nous les avons retrouvées que nous avons fait une grande fête à bord du sous marin et puis, au fur et à mesure de nos périples, nous avons remarqué qu’il y avait beaucoup de bateaux d’enfants perdus, qui voguaient sur notre océan. certains, ne s’en rendaient pas compte, d’autres semblaient n’y apporter qu’un intérêt mineur, d’autres étaient vraiment paniqués !

mais les taupes avaient réalisé que des dents, c’est quand même très dangereux, on peut faire très mal avec, parce que les autres ne comprennent pas toujours qu’on mord parfois pour jouer. alors ils ont décidé d’explorer l’océan dans leur sous-marin et de rechercher toutes les dents de tous les enfants. même si ces enfants sont déjà vieux, et qu’ils ont récupéré leur dents, parce que, oui, les dents repoussent. et, grace à un super moteur, ils les redistribuaient à leurs propriétaires tout autour du monde.


c’est comme ça que, chaque noel, les hommes et les femmes ont l’opportunité de redevenir des petits garcons et des petites filles.


the end



2:00am Claire:

tu es magique

dors bien

tu devrais copier coller ton histoire on la relira en fumant qqch

2:01am Pierre:

t’as pas de coeur.

bonne nuit

2:01am Claire:

pourquoi? Jai trouvé ça fantastique

2:02am Pierre:

parce que je viens de te raconter une histoire trop touchante sur le retour en enfance et tu trouves qu’elle serait plus drôle défoncée.



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la vraie moralité de l'histoire, c'est qu'elles n'hésitent pas à cracher dans mes ventricules grand ouverts.

7.1.10

traces de cendre sur mes draps blancs.

j'ai improvisé une super histoire, l'autre jour, pour endormir une grande brune par réseaux sociaux interposés. mais j'ai des partiels demain, et il est trois heures, donc je la retranscrirai plus tard.

pour ce qui est des partiels, justement, je m'étonne que personne n'ait jamais pensé à ça:

L'histoire, c'est une belle femme qui se sent obligée de dire à un homme: "même pas cap' ".