28.4.10

TU M'ENTENDS, ENCULE ?

je ne pardonnerai jamais, jamais, à stanley d'avoir choisi cette espèce de pouffiasse blonde, vieille et bourrelettée comme incarnation de la plus jolie petite fille des livres, et d'avoir filé clés-en-main un ersatz d'odalisque vulgaire à tous les bloggeurs hypes de la planète qui ont mis trois ans à réaliser que nabokov n'était pas un cadre du Parti et quelques secondes à uploader Sue Lyon en bannière de leur mauvais blog.

je m'étais auto-promis d'éviter les articles coups de gueule et polémique, chuis désolé, bla, bla, mais c'est devenu beaucoup trop envahissant pour que mon écran reste blanc.

quand je serai grand, je serai pas content.

-putain. tu veux bien éteindre ce réveil ?

-...

-appuie juste sur le bouton de gauche, ça enlève ces bips à la con. après y'a la radio.

-...

-le truc sur la littérature, à dix heures. je me souviens jamais de quoi ça parle, mais c'est cool.

-...

-ouais, bon, d'accord, je le fais. ça m'obligera à me lever.

-...

-ah, bordel. je sens la journée de merde. vraiment. ça t'arrive jamais, ce genre de prémonition qui te pourrit dès le matin ?

-...

-wah, t'as vu ? je suis debout en moins de cinq minutes. je sais, ça t'épate. tu sais si il reste de quoi petit-déjeuner ?*

-...

-non, forcément, j'ai tout fini hier et c'est pas toi qui allait racheter quoi que ce soit. je t'envie parfois, tu sais ? tu veux du thé ?

-...

-de toutes façons, il sera mauvais. je sais, je devrais pas le faire au micro-ondes, mais les casseroles sont sales. ce serait bien si tu pouvais t'en occuper, une fois.

-...

-...

-...

-avec beaucoup de sucre, il est pas si mauvais, ce thé, en fin de compte. t'en veux pas, t'es catégorique ?

-...

-bon, je vais prendre une douche, alors, j'en ai bien besoin. je te laisse la radio.

-...

-wah, ça fait foutrement du bien. d'ailleurs, j'ai pensé à un truc sous... PUTAIN J'SUIS EN RETARD.

-...

-ouais, forcément, ça te fait rien, tu restes ici à ne rien glander toute la journée, la vie est belle. merde, je sais pas où sont mes pompes.

-...

-non, je dis pas ça pour être méchant, mais ça reste la vérité, je suis désolé.

-...

-ok, d'accord, ça va, je m'excuse. tu sais pas où j'ai balancé mes clés, hier, plutôt ?

-...

-je me demande pourquoi t'es là, parfois.

-...

-bon, j'y vais. si on sonne à la porte, ne t'embête pas, ils repasseront.

-...

-courage à toi aussi.




en même temps, elle ne va pas faire grand-chose, c'est juste une photo.

20.4.10

chérie, fais-moi rire.

je suis désolé, m.

ça peut paraître lâche, de t'écrire comme ça, mais c'est une manière comme une autre de s'exprimer, et je trouve ça plus joli, et puis j'aime bien rédiger des lettres, et puis je t'emmerde.

ne nous taquinons pas à tourner autour du pot, et je t'épargnerai le bullshit habituel que je réserve aux filles qui ont des grands yeux comme les tiens. ce n'est pas à cause de tes ronflements que je n'ai pas envie de te revoir. ce n'est pas non plus à cause de tes yeux ébahis quand je te dis que je n'ai pas envie de te baiser, pas ce soir, ni à cause de ton impression constante que tu es quelqu'un de fantastique quand, vraiment, eux et toi c'est la même différence. ce n'est pas non plus à cause de ton parfum qui me rappelle beaucoup trop cette fille dans le bus qui allait à covent garden. encore que.
en fait, c'est con, c'est à cause d'hier soir, parce que tu as préféré te la coller avec tes potes au vin blanc et à la vodka plutôt qu'avec les miens, au mauvais rhum et à la bière. je ne dis pas qu'on s'est pas amusés. je ne dis pas que tu ne t'es pas amusée, à embrasser tout ce qui bougeait dès que tu rencontras mr. poliakov, pour faire naître en moi un tout petit sentiment de jalousie. tu ne saura jamais ce que c'est, ma jalousie, et je serai christian dans une autre vie, avec une autre fille, à défaut de me sentir un plus gros nez.
alors, oui, c'est con. tes amis écoutent de la bonne musique, ils sont gays et elles sont méga-bonnes (au choix). ils font la fête dans des appartements exigus avec des posters de richard avedon tout partout, parce que les maisons sont pour les bourgeois et les rues pour les hippies. ils rigolent bien, ensemble, ils parlent de tout et de n'importe quoi, du moment que je ne connais pas la personne sur qui ils crachent ou le remix qui ne marchera pas. ils parlent d'art, ils parlent des derniers films et des albums qui ont leaké au jour le jour et ils sont terriblement satisfaits de connaître l'astuce du site:mediafire.com. ils portent des vêtements aux couleurs qui vont ensemble, dont les manches ne cachent pas leurs mains et qui n'affichent pas de message pseudo-alternatif sur un t-shirt noir. ils trouvent ça trop cool que j'ai réussi à récupérer les superskate adidas skywalker parce que maintenant elles sont en rupture de stock et ils repèrent au premier coup d'oeil si ma cravate est une hermès ou pas.
tu me connais un peu, quand même, je te le concède, et je serai volontiers venu, ce soir encore, assister à un concert de rock sub-proto-garage dans un entrepôt vidé par des mecs en hoodie american apparel mais faut pas déconner, hier j'avais mieux à faire, j'avais mes potes à moi.

mes potes à moi sont des loosers. la plupart ne sont pas beaux, ne connaissent quasiment rien en matière qui soit sorti après 2007, et font peu, ou pas d'études. l'art les ennuie, ils vont au cinéma pour se divertir, et se foutent de savoir si la post-prod du dernier herzog était bâclée. ils ont cinq, voire six livres chez eux, qu'ils ne lisent pas. ils ne savent pas que uffie n'est plus cool et ils claquent soixante balles pour aller voir iron maiden parce que tous les autres bons groupes sont morts. ils topent 200€ de très bonne herbe toutes les trois semaines, font pousser chez eux et on dirait qu'ils ont leurs règles quand ils n'ont pas bu de d'alcool depuis deux jours. certains n'ont pas le bac. ils n'arrivent pas à dormir, mais ils arrivent à vomir en marchant. ils viennent me chercher à la gare en s'excusant parce qu'ils sont défoncés mais ils ne peuvent pas me ramener parce que leurs parents ont enfin levé l'interdiction qu'ils avaient de pénétrer dans le domicile familial. ils trouvent que nova c'est cool, pas parce que c'est une radio simili-déviante, mais parce que la musique est marrante la nuit, et ils se foutent de la fréquence de france inter. quand leurs chaussures ont des trous, ils vont racheter les mêmes, ou alors dépenser deux cent euros pour une paire qu'ils mettront deux fois parce qu'on leur aura dit qu'elle est moche. ils ne savent pas ce qui se passe dans le monde, mais ils s'en foutent parce qu'ils ont leur monde. je n'ai pas besoin de leur demander si ils savent que leur comportement reflète la vision qu'avait pascal de l'ennui et du divertissement, parce qu'ils savent ce qui est important, me rient au nez et resservent un whisky-coca. ils gardent toujours le whisky-coca pour le lever du soleil et je n'ai pas besoin de brailler "daybreak, gentlemen" pour qu'ils saisissent l'instant présent aussi bien que joyce. ils ne prennent pas de mes nouvelles, mais m'appellent bourrés au bout d'un mois pour me narguer parce qu'ils viennent d'acheter un kebab. il suffit que l'un d'entre eux me lâche un "toi aussi ?" quand on vient de trouver la même signification à quelque chose de complètement improbable pour que j'ai envie de revoir la fin de supergrave.

ceci est entrain de dériver salement à la déclaration d'amour en abandonnant lâchement la lettre de rupture, mais ça t'apprendra. j'aurais aimé te les écrire comme je les ressent, et te faire partager un peu, une unique fois, ce que c'est que d'être bien entouré. impossible. autant écouter indochine pour me réveiller.
et si je savais par où commencer, chaque mot plaqué sur ce papier leur arracherait leur intégrité, leur crédibilité et leur sourire. mes potes ne sont pas les clichés américano-téstostéroneux qui se limitent à mettre une main sur l'épaule au moment où on va se sacrifier pour la patrie. eux te sourient, quand ça va mal, pour te dire que t'es une baltringue, et qu'il n'y a que les baltringues qui ne se reprennent pas; ils te sourient quand ça va bien et ils en profitent pour te prendre dans leurs bras parce qu'ils sont heureux que tu sois là, et que t'aies amené un pack de 24, à défaut du fric que tu leur dois.

je sais que j'ai un rythme de vie beaucoup plus sain, que j'ai des fréquentations qui me tirent bien plus vers le haut, des études qui paieront beaucoup plus et une vie qui s'annonce bien plus confortable que la leur. même si je dois crouler sous l'or et les soirées tendances, m., ce seront ces trois ou quatre types, profils bas et têtes hautes, qui m'entretiendront.

j'aime mes potes.

13.4.10

pisse dans l'âtre, dieu ne dira rien.

il fait beau, aujourd'hui et, fait exceptionnel, je suis sorti de chez moi pour prendre un café avec une amie, aussi grasse qu'inoffensive (quoi que pas tout à fait innocente, mais c'est une autre histoire). j'ai sorti mes chaussures d'invincibilité et ma chemise d'éternité et, hardi petit, m'en voilà parti mater allègrement les lycéennes coquines (avé, mr. dorcel) avant de me faire offrir un expresso en plein territoire bobo. j'ai l'impression qu'elles sont nées avec leurs vestes militaires, leurs robes en coton et leurs espadrilles, mais dieu que leur jambes ne me lassent jamais. il y en a qui me regardent. pas mal, même, mais je mets ça sur le compte de mes lèvres qui bougent toutes seules à cause des knopfler bros et de leurs refrains à deux balles. celles qui ont les cheveux les plus blonds ne me regardent pas, et quand j'ai droit au haussement de sourcils de la femme de ma vie devant pimkie, le cor bat la retraite et je finis par rejoindre L. j'étais censé être en avance, je crois, mais son air exaspéré m'assure du contraire. sois exaspérée autant que tu le souhaites, ma grosse, du moment que tu me prêtes deux euros.
je ne sais plus vraiment ce qu'on a dit. c'était intéressant, divertissant du moins, même si le clochard d'en face n'en avait pas l'air persuadé. je crois que je me suis moqué de son copain et qu'elle ne l'a pas défendu, avec ce petit rire nasal qui affiche les néons "baise-moi" au-dessus de sa tête. j'ai dit que je voulais rencontrer sa mère pour me marrer parce que sa mère est folle, et elle l'a bien pris. le reste appartient aux pavés de la place H. en terrasse, je regardais toujours les filles. j'en ai reconnu une ou deux, de derrière les pupitres. et puis il y a eu la voix rauque et familière de cette espèce d'assemblage d'os qui m'a fait me retourner. à côté d'elle, il y avait une ex. le genre de filles qui n'existent que de deux manières. soit elles sont les plus merveilleuses du monde et elles se marieront forcément avec un type tellement cool que tu ne pourras jamais test leur quotidient, soit ce sont les plus gros thons de la terre et tu te sens obligé de glisser dans leurs boîtes aux lettres des mémos leur rappelant qu'elles ne valent rien. d'habitude, je suis gentil et convivial avec mes ex. là, c'est un type 2. disons plutôt type 2 'tête de chacal', ça sonne plus juste, et ça tape plus fort. me voilà debout, tout miel et tout sourire, esquivant des éclairs de haine si féroces que je pourrais presque la prendre en photo, la vendre et me payer mon voyage retour. je tends la main, et elle essaie de la déchirer avec ses ongles rongés. engagement.
-bonjour m.
-...
-tu vas bien ?
-ouiiiii. à merveille. et toi ? comment se passe ta nouvelle vie ?
(elle redoutait terriblement cette nouvelle vie quand elle refusait de m'envoyer des lettres d'amour, et que le bac faisait encore peur)
-comme tu l'avais imaginée. y'a que des meufs trop bonnes à la fac.
-super, je suis ravie pour toi, tu m'excuses il faut que j'y aille, hein, on est pas tous aussi cools que toi.
(insérer ici sa gerbe d'ironie souriante, à défaut de la gerbe d'anémones de l'hiver 2009. ou 2008, je ne sais plus. mais elle avait été impressionnée)

elle s'en va, sautillant de nénuphars en nénuphars, quand j'ose attraper sa robe rose (dieu, elle a toujours cette saleté ?) pour qu'elle se retourne d'un geste énervé, faisant voltiger ses seins qui pendent dans mon espace aérien.

-quoi, qu'est-ce que tu veux ?
-...
-je peux me casser ?
-ouais, nan, je croyais juste qu'on aurait le droit de se foutre un peu sur la gueule, qu'on se lâche des crasses sur la place publique et qu'on fasse pleuvoir les coups de crosse. un peu de nerf, m., montre-moi que je suis un connard, que je ne t'ai pas laissée indemne.
-que tu ne m'as pas laissée quoi ?

et elle s'est retournée et elle est repartie avec sa pote. devant la superbe, beau joueur, j'ai fait une révérence qui a un peu fait rire le clochard d'en face, éternellement là.

si on ne peut même plus s'engueuler avec une fille qui a des milliers de dossiers sur vous, à quoi bon me rasseoir pour finir ce café ? cette phrase n'a pas de sens, mais il fallait bien que je m'en aille, d'une manière ou d'une autre.


pour aller voir, défait, le maréchal des logis, quelques rues plus loin. mais c'est un autre portrait qui n'a pas sa place près de la canidé.

7.4.10

j'oublie toujours de mettre un titre.

les mecs qui me racontent que, pour écrire, il faut qu'ils soient dans un état spécial, un contexte pas comme les autres, qu'ils soient coupés du monde, je les toujours pris pour des cons. des types qui ne savent pas de quoi ils parlent, qui ne savent pas se donner la peine, et qui croient encore que le but de toute vie est la composition d'un sonnet en haut d'une montagne enneigée. je prie pour qu'un skieur se ramasse dans leurs feuillets moleskine. sauf que, voilà, ils n'ont pas si tort que ça. je n'arrive plus tellement à écrire quand je suis de retour à bordeaux; la vie ici est trop simple pour que je clique sur nouveau message. j'ai de la bouffe à volonté, super chère et super bonne, j'ai un petit frère en vénération, une mère qui ne pense plus que par mon bien-être et une xbox qui soigne mes gueules de bois répétées. j'ai des amis qui se foutent de me voir recaler par un grand renoi chez Auchan parce que j'avais la flemme de mettre des chaussures, et je me fous de les retrouver, après un mois de non-regrets, avachis sur leur canapé, devant un reportage de LCP, emmitouflés dans des serviettes de bain, complètement défoncés.
il fait beau, il fait chaud, je me contrefous des milliers de sac vanessa bruno qui défilent sous ma fenêtre parce que ce n'est plus mon problème. je révise quand je veux. mes fringues se lavent tout seuls, je croise des connaissances qui m'invitent à assumer avec eux leur binge drinking dans des appartements sales. je ne vais pas voir de concert. je ne vais pas au cinéma. je lis dans un hamac.

là, pour l'instant, je n'ai plus besoin d'exutoire électronique, je n'ai plus besoin d'imaginer autre chose, de raconter des histoires sans queue ni bite. mon apathie est totale, c'est ma couette perpétuelle, et je vais descendre ne rien dire à la personne qui fait du bordel dans la cuisine, juste parce que c'est génial d'avoir un étage.