24.1.10

pourquoi est-ce que ça sent la soude ?

De temps à autre, il faut bien que je fasse semblant d'avoir une vie sociale. Celle-là même qu'aiment les personnes cools, avec des dîners d'anniversaire et des rassemblements multi-générationnels dans un appartement dévasté sur fond de musique électro et flashs d'appareils photo Lumix reçus pour Noël. Je savais bien comment ça allait se finir, mais mon côté positif et souriant m'avait poussé à sortir de chez moi, parce que c'est ce que font les gens normaux.
À vrai dire, je ne sais pas très bien comment ça s'est déroulé/fini. Je me souviens d'avoir fait rire une rousse superbe, avec une voix qui donne envie d'être responsable du recrutement chez FIP, de la petite grosse qui me fixait de ses yeux porcins du fond de la salle, et du fait que je n'avais ni clopes, ni force en rentrant chez moi.
Ce dont je suis sûr, c'est que, ce soir encore, je vais me retrouver étendu dans mon lit, à trois heures du matin, me demandant comment faire pour m'endormir, avant de rallumer l'ampli, l'ordinateur et rouvrir ce bouquin que je n'arrive pas à avancer. Je vais me lever, repasser cinq minutes à trouver la fréquence de BBC News Channel sur la radio de mon père et attendre cinq autres minutes à comprendre que c'est toujours cette émission pourrie de musique traditionnelle autour du monde (sic).
Debout dans ma chambre, je vais me dire qu'il faudrait quand même ranger ce merdier, et ce sera fait en déposant deux paires de chaussettes et une chemise dans le panier de linge sale, et en superposant plus ou moins correctement mes numéros de The Economist et de Vogue. Ah ouais, il faut aussi que j'affiche mes épreuves d'artiste dont le prix ne justifie en aucun cas qu'elles soient depuis deux mois sous ma table basse. Une autre fois.
En tentant de ranger mon bureau, il y aura cette photo de mes parents, je me souviendrai que c'est effectivement l'anniversaire de la mort de mon père, ça me déprimera quelques secondes et puis il faudra que j'aille chercher quelque chose à manger dans ma cuisine. Evidemment, il n'y aura rien, et je n'aurai d'autre choix que de gober un sucre avant de me coller au miroir de ma salle de bain, la main sur l'interrupteur. On/Off/On/Off/On/Off/On/Ça ne marche pas, cette merde/Off. Saut sur mon lit pour vérifier mes vies sociales via internet, et grand dilemme au moment d'ouvrir un nouvel onglet 4chan, qui sera remplacé par un onglet alloshowtv pour regarder un épisode de Stargate. 5 minutes plus tard, ma connexion coupera, je jurerai. Face à mon fond d'écran (que j'aurai changé plusieurs fois, passant de mannequin russe à mannequin finlandais pour toujours finir sur Turner, persuadé que ça impressionne les filles), j'ouvrirai manuscrit.txt, écrirai deux lignes avant de refermer en me disant que ça ne sert à rien, elle est déjà sortie de ma vie, elle s'en fout.
Coup d'oeil au dernier Nabokov, pour me frustrer un peu plus, puis à Beckett que je lirai à haute voix en me demandant pourquoi n'ai-je pas autant d'assurance quand je dois leur dire qu'ils m'intéressent. 5 pages de plus pour les Illusions Perdues, coincé dans les Catastrophes de l'Amour en Province.
Merde, c'est vrai, j'ai plus de clopes. Donc je vais écouter le dernier BJM pour m'endormir. Non, je ne pourrai pas éteindre mon ipod et la ventilation de l'ampli m'empêchera de dormir.

Entre quatre et cinq heures, allongé sur mon lit, les yeux grand ouverts, essayant de ralentir ma respiration le plus possible -j'ai vu ça sur internet, il paraît que ça marche.


Avant, je me disais que c'était super de vivre la nuit.

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